La journée se termine sans avoir tenue ses promesses. Elle n'aura rien de remarquable et viendra rejoindre discrètement les jours sans intérêts. Dans peu de temps, elle sera oubliée. Aucun souvenir n'en résultera. Il n'en restera qu'un goût amer d'inaccompli qui s'estompera dès que les attentes se seront réalisées.
Hier était une journée marquante. Pas en bien. Elle perdurera un peu plus longtemps dans la mémoire, puis finira elle aussi par s'estomper. Par contre, de temps à autre, elle refera surface. Peut-être vers la même date. Peut-être lorsqu'un événement similaire se produira. Il faudra alors faire preuve de vigilance, pour que ce souvenir négatif ne vienne pas engendrer à son tour une mauvaise journée. Il ne faudra pas le transformer en malédiction.
Demain sera peut-être une journée particulièrement plaisante, qui laissera une trace forte et permettra de se ressourcer en des temps plus difficiles. C'est peu probable. La majorité des journées sont oubliables. Mais j'espère chaque jour qu'un souvenir naîtra. Un bon si possible.
J'ai poussé le vice jusqu'à faire d'un mois une malédiction. Le mois d'août, c'est le mois où c'est difficile au travail parce qu'il y a plein de collègues en congés, le mois où les gens de ma famille décèdent, le mois où je me retrouve seule. Après j'oublie. Le négatif ne reste pas. Puis une année passe et ça revient. Différent et pourtant similaire.
Comment transformer cette malédiction ? Tenter chaque jour de faire un bon souvenir. Une blague, un déjeuner, un câlin... Pour qu'au final, il reste tellement de beau que ça prenne le dessus sur le douloureux. C'est le moment de lutter contre les vieux démons pour ne pas les laisser s'immiscer.
Au final, ce qui déterminera le souvenir global, c'est le début, l'intensité du climax, et la fin. Alors peu importe ce qui peu se produire, si je parviens à provoquer un moment de bonheur intense et à créer une belle fin, je garderai un souvenir agréable. C'est mon auto-manipulation. Pour faire d'un maximum de journées des jours mémorables dans le bon sens. Mais parfois ce n'est pas suffisant...