Il est attiré par le chant des sirènes. Non pas celles des contes, qu'elles soient à griffes ou à écailles, mais celles des véhicules d'urgence : pompier, police et autres ambulances. Il les repère de très loin, peut les identifier sans jamais se tromper. C'est quelque chose qui le fascine.
Un jour, bêtement, il s'est blessé à la main. Une chute dans un bar alors qu'il tenait son verre. Des bris de glace. Du sang. Beaucoup de sang (c'est très vascularisé une main). C'est là qu'elle est arrivée. Pour lui. La douleur et le choc ont laissé place à l'excitation, trop heureux d'avoir été l'objet à l'origine du chant tant convoité. Il a été aux anges quand, bloqué dans les embouteillages, la sirène retentit à tue-tête. Peu lui importait que son sang continue à imbiber de manière inquiétante les compresses appliquées par le pompier.
Il profita un temps de ce merveilleux souvenir, où les sirènes chantaient pour lui. Mais plus il s'éloignait, moins il était précis. Il ne parvenait plus à se remémorer l'enchaînement, pourtant si important, d'obstacles qui avaient justifié l'emploi de la sirène.
Il commençait à se morfondre. Le chant lointain des sirènes ne le faisait même plus sourire. Après tout, elles étaient là pour d'autres... Il décida alors de provoquer leur venue. Il pris son courage à deux mains et s'ouvrit le bras avant d'appeler le SAMU. À la question "pourquoi avez-vous tenté de mettre fin à votre vie ?" il resta interdit. "Mais je ne veux pas mourir ! Je voulais juste que les sirènes chantent à nouveau pour moi..."