Ils se comprennent sans se parler, échangent leurs idées en quelques regards. Ils ont 1 ans, 30 ans ou 70. Il n'y a pas d'âge pour échanger. Un coup d'oeil, un sourire, une main tendue et c'est partie. Tout le monde rit ou pleure selon l'ambiance du moment. C'est comme voir un seul être fait de plusieurs corps. Leurs déplacements mêmes se font à l'unissons, danse partagée entre tous. L'un se lève, puis l'autre suit. L'un tend ses mains, trouve des bras. Et chacun avance vers un lieu que personne n'a encore choisi.
Une fois en présence d'un endroit qui plaît à l'un d'entre eux, sans qu'il ait besoin de faire le moindre signe, celui qui est devant s'arrête et sourit. Il sait d'instinct que le chemin passe par ici et qu'il est tant de faire une pause. Peut importe qu'ils ne se soient mis en mouvement que depuis 2 minutes ou qu'ils marchent depuis 3 heures. Seule l'envie de faire plaisir à chacun guide leurs pas. C'est avec cette certitude qu'ils avancent, ne sachant pas si leur prochain arrêt sera pour eux ou pour un autre. Personne ne se plaint jamais car tous sont heureux de faire plaisir à l'un d'entre eux en s'arrêtant, et tous savent qu'un jour, il y aura un arrêt pour eux.
Ce n'est pas toujours le même en tête de cet improbable cortège d'hommes silencieux. Pourtant, qui que ce soit, aucune pause n'est ratée. Si un lieu est parfait pour l'un d'eux, alors tous s'arrêtent. Ils partagent alors sourires et eau. Ferment leurs yeux. Écoutent les oiseaux. Quand la nuit vient à tomber, ils se regroupent, se serrent les uns contre les autres. Il n'est alors plus possible de distinguer dans la masse à qui est la main qui dépasse ou le pied un peu mal placé. Ils redeviennent alors ce qu'ils ont toujours été : un.